présente
le Lundi 21 Novembre 2016
à partir de 20h30
au
Théâtre Poche Montparnasse
EILEEN SHAKESPEARE
de Fabrice Melquiot
par la Compagnie Les Ailes du Nord
mis en scène par Carole André et interprétée par Mélanie Lecarpentier
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La pièce sera suivie d’un débat avec le public, la metteur en scène, la comédienne ainsi que Marianne Carabin et Margot Ferrafiat-Sebban, fondatrices de Théâtre et Psychanalyse, A Corps Perdus.
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Les RÉSERVATIONS se font auprès de la Compagnie Les Ailes du Nord par mail à contact@lesailesdunord.com ou par téléphone au 06 73 09 06 14
TARIFS
14 € Adhérents ACP
16 € Non adhérents
Pour soutenir financièrement le travail de Carole et Mélanie, vous pouvez participer en cliquant ICI.
Carole André, Metteur en scène
J’aime l’intimité, l’impudeur qu’on peut trouver au théâtre, de celles qui nous laisse entrevoir un moment de vie presque volé.
La singularité de Mélanie Lecarpentier, une force combative derrière une apparente fragilité incarne cette intimité. Elle s’offre sans retenue au personnage, aux mots, à la direction que je lui propose et au public.
Cru et poétique, le texte de Fabrice Melquiot offre à Eileen une voix qui pourrait être celle de toutes les femmes. Elle va mordre, mordre dans la vie, dans les mots pour exister, être ce qu’elle est, ce qu’elle veut être. Elle est une Héroïne…
« Les actrices n’existent pas, les femmes n’existent pas » Eileen dit NON, elle se livre corps et âme dans un combat, celui d’une femme qui existe, le combat d’une vocation.
J’ai voulu travailler sur la profonde solitude dans laquelle ce combat la plonge. En choisissant d’enfermer Eileen, je m’offre la liberté d’en explorer différentes facettes. D’aller jusqu’à l’animalité. Jusqu’à la « mal-à-dit » comme cette peste qui la ronge où chaque bubon serait les stigmates de chaque blessure, de chaque trahison notamment celle de son illustre frère.
Elle s’échappe, revient, s’échappe encore, oscillant entre fantasme et réalité. Son esprit libre vagabonde, se projetant d’un destin à l’autre, explorant chacun d’eux comme une lionne. Parfois cruelle, elle n’en reste pas moins lumineuse et parnassienne pour nous percuter de sa vérité nue.
La scénographie sobre s’inspire de la volupté des tableaux de la renaissance.
Fabrice Melquiot, auteur
« Eileen […] ombre flamboyante de son illustre frère. Démon tapi dans la gloire de celui-ci ; sorcière et poétesse, lui a t’elle vraiment soufflé son Hamlet ? […] Au fond, j’ai toujours rêvé d’appeler Shakespeare par son prénom et de le tutoyer ; lui parler comme à un ami, et puis, je me suis rendu compte que sa soeur était vachement mieux. »
Article écrit par Marianne Carabin
« J’ai voulu changer la couleur de mon père et mon père tout entier. […] Je l’ai regardé sans pouvoir dire s’il était boucher ou marchand de bois. Alors je l’ai vu enfoncer des pieux dans la plantes des bêtes. j’me suis vue devenir chèvre et crever un pieu dans le ventre par ce qu’il n’était ni l’un ni l’autre mon cher petit père ni boucher ni marchand de bois.
Juste mon père.
Il me tuait. »
Eileen ne l’ignore ni ne le forclos, le nom du père, mais d’une cage de rage que l’on nommait déjà et que l’on nomme toujours « condition féminine » William Shakespeare, dit Eileen, ou l’inverse ? Eileen Shakespeare, sans issue hormis celle du Non qu’elle rugit, se positionne, inaudible pourtant, Eileen se positionne et choisit une autre folie. Une autre folie que celle à laquelle elle était destinée. Elle choisit une folie salvatrice. Salvatrice par ce qu’elle ne peut se soumettre tout à fait. Folie par ce qu’elle ne peut se soumettre tout court. C’est alors face à nos propres choix de vie que l’on se retrouve, nous, spectateurs ; quel enfermement supporte t’on le mieux ? Quelle folie nous extrait elle le mieux de la folie de l’autre ? Entre délire et fantasme, quelle histoire se raconte t’on le mieux à soi-même ? Comment sortir de l’antre de la disparition ? De la non-existence.
Ainsi, une question se déplace. La question ne serait plus celle de savoir qui a pu bien être le fabuleux et génialissime William Shakespeare, mais bien qui est cette mystérieuse et non moins furieuse Eileen Shakespeare ? William disparait presque alors car soudain le féminin l’emporte et Eileen, elle, porte, semblerait-il plus que le fils, plus que le frère, la question du père, de ses fonction, de son nom, de son regard et par conséquent de ses effets sur nos vies non seulement à chacun mais aussi sur notre organisation sociale qui définitivement se lie intimement de cette fameuse « condition féminine ».
Me viennent en derniers mots ceux de Lucien Bonnafé, psychiatre désaliéniste, qui rappelait de toute son humanité que l’ « On juge du degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses fous ». Pourrait on ici ajouter « à la manière dont elle traite ses femmes »?
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